Caussade, février 2013
Lire notre dossier Aérotrains en ligne : Un système ferroviaire pour demain
« Mais pourquoi n’avez-vous pas fait cette présentation sur l’aérotrain il y a quatre ans, lors du débat sur la LGV ?! On aurait eu des arguments pour se battre ! » C’est ce que s’est exclamé un adjoint au maire local, à l’issue d’une conférence sur l’aérotrain, organisée par l’association TEG82 « Tous ensemble pour les gares du Tarn-et-Garonne », basée à Caussade, à 30 km au nord de Montauban.
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« Mais pourquoi n’avez-vous pas fait cette présentation sur l’aérotrain il y a quatre ans, lors du débat sur la LGV ?! On aurait eu des arguments pour se battre ! » C’est ce que s’est exclamé un adjoint au maire local, à l’issue d’une conférence sur l’aérotrain, organisée par l’association TEG82 « Tous ensemble pour les gares du Tarn-et-Garonne », basée à Caussade, à 30 km au nord de Montauban.
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TEG82 s’est créée dans le cadre du bouleversement du service public que provoque la mise en œuvre de la Ligne Grande Vitesse (LGV). L’objet de TEG82 est « de mener toute initiative - et ce dans le cadre du Service Public et du respect de l’environnement - pour le développement des dessertes des gares du Tarn et Garonne. Il s’agit notamment du maintien ou du rétablissement des arrêts des trains de grande ligne en gare de Caussade et Montauban de manière à satisfaire les besoins des usager-e-s des transports ferroviaires, des populations du bassin de vie concerné, de l’économie locale, du maintien du Service Public et du respect de l’environnement ». C’est dans ce cadre que TEG82 a invité le journaliste scientifique Vincent Crousier, à Négrepelisse – 15 km au nord de Montauban – le jeudi 21 février dernier pour évoquer l’alternative au train que constitue l’aérotrain.
Le progrès scientifique l'ami du service public
« Mes travaux de journaliste scientifique et technique m’ont amené à travailler sur l’épistémologie des sciences. Il s’agit de l’étude de l’évolution du paradigme sur lequel on se base pour penser une question scientifique. On pourrait résumer la chose par une question : Comment une révolution scientifique – c’est à dire l’introduction de nouveaux paradigmes, de nouveaux types de réflexions sur la science – se produit-elle ? », nous a expliqué Vincent Crousier. Et de continuer sur l’aérotrain : « Et lorsqu’on touche à ces questions, on en vient assez naturellement à étudier l’histoire des sciences, l’histoire de la pensée économique, etc. Dans cette optique, l’aérotrain est symptomatique. »
Après avoir mis l’accent sur une différence fondamentale à ses yeux – et trop souvent amalgamée - entre un « progrès scientifique » et un « progrès technologique », l’originalité de l’exposé a été de montrer le lien entre une rupture scientifique, appliquée dans l’économie physique sous la forme d’une nouvelle technologie, et le changement de paradigme scientifique, culturel, et économique que cela implique dans la société.
Concernant
les transports, l’exemple donné est le passage du train, à la voiture, et
à l’aérotrain :
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« Avec la roue d’un train, tout le poids du train repose sur
un seul point d’appui sur son support. La roue de voiture, plus souple,
s’appuie sur une surface déjà un peu plus large sur la route : le poids du
véhicule est donc déjà mieux réparti. Mais qu’il s’agisse du tramway, du train,
du TGV, de la LGV, de la voiture ou du bus, le déplacement implique toujours
friction avec un support, donc usure, énergie pour s’affranchir de cette
friction... Tout cela n’a plus lieu avec la lévitation, que ce soit par coussin
d’air, par électromagnétisme ou encore par supraconduction. Qui dit absence de
frottement, dit absence d’usure, moindre dépense énergétique, accélérations et
ralentissements plus rapides, donc possibilité de relier des villes ou des
villages relativement proches... »
Après avoir
exposé la révolution économique que l’équipement cohérent de nations entières
avec le train avait impulsé au XIX° siècle, Vincent Crousier a ensuite mis en
lumière l’aspect indispensable que représente l’élimination épistémologique de
tout apport scientifique révolutionnaire dans la perpétuation d’un ordre
économique spéculatif.
Sortir des intérêts financiers pour sortir de l'impasse
Sortir des intérêts financiers pour sortir de l'impasse
« Pour continuer à exister en tant que système économique, la
spéculation a besoin que la population croit elle-même en un dogme, celui de
stocks, de ressources finies. Sans ça leur arnaque tombe à l’eau, car c’est
avec la raréfaction d’une denrée, que son prix augmente. C’est la raison pour
laquelle la distinction entre une révolution technologique et une révolution
scientifique est si importante : les révolution technologiques – des
trains qui roulent de plus en plus vite, des centrales nucléaires dont on
booste les performances mais qui utilisent les mêmes principes scientifiques
qu’il y a 50 ans, comme l’EPR - ne sont pas dangereuses pour les intérêts
financiers.
« Au contraire, ils “feront de l’argent” avec, exploitant
l’outil jusqu’à le rendre extrêmement dangereux... phénomène que dénoncent les
écologistes à juste titre, mais en général sans comprendre que c’est
l’introduction d’un nouveau principe physique plus efficace, donc avec un
rendement énergétique plus dense, et d’une sûreté sans commune mesure (par
exemple les centrales au thorium) qui va nous sortir de l’impasse ; et non
le retour à des technologies bien moins efficaces, donc bien moins denses... et
qui impliquent une friction d’autant plus monstre ! Eliminez la friction
et l’usure dans les transports, ou révolutionnez l’industrie nucléaire avec
l’introduction du thorium... et ce n’est plus la même histoire ! Par
exemple, avec les centrales nucléaires au thorium, vous avez des ressources
énormes – très mauvais pour la spéculation, ça ! -, infiniment moins
de risques de prolifération, aucun risque d’emballement, ni d’explosion, des
milliers de fois moins de déchets à vie longue... »
Enfin, le journaliste a terminé sa présentation en exposant la nécessaire révolution dans les affaires économiques que représentait une révolution scientifique :
« Il se trouve que le système financier possède ses propres
banques dites “universelles”, c’est à dire qu’elles possèdent des banques dans
lesquelles transitent autant leur jeux spéculatifs, que l’argent des
entreprises et des ménages (salaires, épargne, retraite, investissement
productif...). Et l’ensemble de cet argent est leur propriété, non celle des
entreprises ou des ménages, malgré les apparences que donnent les distributeurs
de billets. C’est tout l’enjeu de la non-réforme bancaire de Pierre
Moscovici, qui en l’état actuel permettrait aux banques d’affaires de garder
leur filiation avec l’argent des déposants, continuant le renflouement de leurs
pertes spéculatives. « L’aérotrain, cela signifie un maillage extrêmement dense
du territoire, donc moins de temps perdu dans le tout-voiture, la création de
nouvelles villes, villages, de PME, sans parler de l’abandon du tout pétrole...
« Ce ne sont pas les intérêts financiers qui choisiront
l’aérotrain ! Les intérêts financiers veulent continuer à exploiter la
vieille technologie de la roue, et user autant les voies de chemin de fer que
la société ! Si le peuple trouve que l’aérotrain est mieux, il faudra
qu’il se batte pour sa mise en œuvre. Et cela commencera par reprendre le
contrôle souverain de l’émission de crédit, au lieu d’emprunter auprès
d’intérêts financiers spéculatifs. Comment ? Décrocher le téléphone pour
prendre rendez-vous avec son député, et lui dire ce qu’on veut. C’est un vieux
principe de science... politique ! »
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